MARCHÉ HEBDOMADAIRE DE RANÉROU FERLO Poumon de l’économie de la commune
Avec son marché hebdomadaire du lundi, Ranérou, l’une des villes les plus grandes du Sénégal, devient très animée. En ce premier jour de la semaine, l’argent circule. Une bouffée d’oxygène pour la mairie qui fait aussi des recettes.
Chaque lundi, la ville de Ranérou connaît une grande animation avec un nombre impressionnant de visiteurs qui affluent dans ce grand département du Sénégal. La localité est investie de commerçants qui viennent des autres régions du pays, surtout ceux du Nord du pays. Des clients venus également de tous les coins du pays s’y donnent rendez- vous.
Économiquement, la localité fonctionne le lundi. « Il faudra revenir un autre jour pour voir la pauvreté qui sévit dans la zone », confie un habitant. Pour un visiteur qui vient le lundi, il se fait l’idée d’une ville qui ne manque de rien. Ce qui, selon notre interlocuteur, constitue un mirage. Ranérou est une localité qui souffre par son manque d’infrastructures de base et de jeunes sans emploi. Et c’est le marché hebdomadaire qui sauve un peu l’image d’une commune en difficultés.
Ce lundi, deuxième jour de campagne électorale, Ranérou revit grâce à son marché. Le louma hebdomadaire absorbe carrément toutes les activités de la ville. Tout le monde converge vers ce marché. On y vend du tout. Cependant l’attraction est constituée par le grand daaral où des milliers de personnes font des affaires. Malgré la chaleur d’étuve qui s’abat sur leurs têtes, les Téfanké cherchent à liquider leurs bêtes. Les échanges se font en Pulaar, la langue officielle dans la zone. Ceux qui ne comprennent pas cherchent le plus souvent un traducteur. Les populations de la localité imposent leur Pulaar sans complexe.
Assise sous une tente, sa marchandise, composée de tissus wax, étalée au sol, Fatou Dramé discute avec des clients. Chaque lundi, elle quitte la localité de Goloré (Le village de Mame Diarra Bousso la valeureuse mère de Serigne Touba) pour exposer sa marchandise. Elle paie la taxe de la municipalité appelée « douti » à 200 FCfa. Cependant, elle ne se plaint pas avec des recettes qui varient selon les périodes. « C’est un grand marché hebdomadaire dans la zone. Je suis une commerçante. Je fais le tour de certains marchés, mais je suis habituée à ce louma depuis plusieurs années », confie-t-elle.
Sa canne à la main, le téfanké Abdoulaye Hamadi Poulo se procure auprès de la dame un coupon avant de s’asseoir sous la tente. Une façon de se reposer et fuir la chaleur excessive qui donne même des migraines. Il confie que le marché du bétail est devenu très difficile pour eux. « Nous payons pour chaque tête 100 FCfa comme taxe de la mairie. Si l’on emmène dans le louma 100 têtes, on paie 10000 FCfa », a-t-il fait savoir. Un autre Téfanké du nom de Samba, assis également pour se reposer et souffler un peu à cause de la grande poussière dans le daaral, révèle que les affaires ne sont plus florissantes. Selon lui, leur secteur est envahi par d’autres personnes plus opportunistes. Cependant le marché vit dans une bonne ambiance jusqu’à la tombée de la nuit avec d’incessants va-et-vient. Le marché hebdomadaire Ranérou est aussi un grand fournisseur pour les éleveurs de la capitale sénégalaise. En effet, des éleveurs occasionnels ou des particuliers viennent se procurer des bêtes à moindre coût.
Requérant l’anonymat, un Téfanké explique que l’Etat devrait les aider à avoir de meilleures conditions de vie surtout pour leur bétail. Car, prévient-il, on risque d’aller à des années où le mouton sera introuvable.
Interrogé sur les recettes de la municipalité, le surveillant comptable de la mairie de Ranérou, Djibril Ba, indique que celles-ci varient pendant la saison sèche entre 150 mille FCfa et 180 mille FCfa par lundi. Elles baissent drastiquement pendant la saison des pluies à cause du déficit d’infrastructures. Les routes impraticables ne facilitent pas l’accès à la ville. Ce qui fait que les principaux acteurs de ce marché hebdomadaire ne prennent pas le risque de faire voyager leur bétail dans des conditions non évidentes. Les bergers qui habitent également Ranérou ne trouvent pas assez de clients en période hivernale. Aussi, appellent-ils l’Etat à régler cette situation.
Le Soleil