Les arbovirus, des menaces sur l’économie
Le Réseau ouest-africain de surveillance des Aedes (WAASuN), créé en 2017, a tenu sa quatrième réunion annuelle à Dakar. Les chercheurs présents ont établi le lien entre une pandémie et la dynamique économique des pays. Ils préviennent donc sur la nécessité de prévenir l’expansion des arbovirus qui ont engendré 700 morts au Burkina Faso en 2023.
Les arbovirus sont certains types de virus transmis par des insectes comme les mouches, les moustiques et les tiques. Ils sont vecteurs de certaines maladies telles que la dengue, le Zika et la fièvre jaune qui se développent pour certaines d’entre elles, depuis peu, en Afrique de l’Ouest.
Pour protéger les populations, il est important de mettre sur pied un mécanisme de surveillance des insectes qui les propagent notamment des moustiques. C’est l’objectif que s’est donné le Réseau ouest-africain de surveillance des Aedes (WAASuN). L’importance du travail du WAASuN se justifie par les pistes de prévention qu’elle propose aux États pour éviter de faire face à une pandémie capable de freiner les activités économiques comme se fût le cas du Coronavirus.
Dr. Mawlouth Diallo, membre du WAASuN et chef du département de zoologie médicale de l’institut Pasteur de Dakar démontre les effets néfastes que les arbovirus peuvent avoir sur divers secteurs de la société. « Quand quelqu’un est malade, il faut comprendre qu’économiquement sa famille a des problèmes d’économie. Un malade c’est un accompagnant, cette personne est mobilisée pour suivre le malade. Ça veut dire que cette personne ne va plus travailler. Si c’est un enfant, il n’ira plus à l’école. Le poids économique de ces maladies est extrêmement lourd et important pour nos pays sans compter la mortalité qui peut s’en suivre. » spécifie le Dr. Diallo. Prenant l’exemple de la dingue qui était une maladie très connue en Asie, il ajoute qu’elle est devenue un problème de santé publique en Afrique. Et pour la première fois en 2023, on a eu les premières mortalités, plus de 700 morts de dingue, au niveau du Burkina Fasso. Quant au Sénégal alerte-il, il y a une menace de plus 200 mille cas dans les prochaines années.
La solution pour ne pas vivre un désastre sanitaire dans le futur se trouve selon le Dr. Joseph Chabi du côté de la recherche. Mais il est difficile de mobiliser les ressources nécessaires pour les conduire. « Ce qui est aberrant c’est que la recherche ne produit pas de l’argent. La recherche dépense de l’argent. Et donc du côté de nos gouvernements, il est souvent difficile d’avoir accès à des fonds pour faire la recherche. On est obligé de regarder à l’extérieur, de faire des appels de fonds à l’extérieur pour conduire les recherches. Sinon, il est difficile d’aller dans un ministère surtout au ministère de la santé pour demander 100 millions de dollars pour faire un travail, une prévision ou une enquête. » souligne-t-il. Dr. Chabi précise que les dirigeants sont souvent dans la réaction au lieu de prévenir les maux : « Malheureusement nos gouvernants attendent que ça se produisent, avant de réagir. Donc, il n’y a rien en amont. Parce que l’argent en amont doit permettre de pouvoir anticiper. Nos gouvernants attendent toujours que ça arrive avant de commencer à courir. »
Les pandémies ont un impact sur la production économique. Le WAASuN dans une optique de prévention, invite les dirigeants de l’Afrique de l’Ouest à fournir des ressources aux chercheurs aux fins de limiter les dégâts que peuvent causer les arbovirus.
Donan Audace AHOUANGNIMON